L’ingénierie pédagogique d’une AFEST

L’ingénierie pédagogique est un élément fondamental et crucial pour la réussite d’une Action de Formation En Situation de Travail (AFEST). Elle est considérée comme la pierre angulaire de l’AFEST. Une AFEST réussie nécessite une ingénierie pédagogique rigoureuse et doit être pensée comme un projet ayant un début et une fin. La qualité et la conformité réglementaire de l’AFEST dépendent de cette ingénierie.

L’ingénierie pédagogique d’une AFEST repose sur plusieurs éléments clés et se déroule généralement en plusieurs étapes structurantes :

  1. L’Analyse du Travail à des Fins Pédagogiques. C’est la première condition indispensable de l’AFEST et une étape cruciale. L’objectif est d’identifier les activités clés du métier et les situations de travail apprenantes, c’est-à-dire les moments et les tâches du travail qui peuvent être transformés en opportunités d’apprentissage structurées et intentionnelles. Cette analyse vise à transformer l’action de travail à des fins d’apprentissage et permet de définir les compétences visées sous forme de processus dynamiques. Elle doit être rigoureuse et peut impliquer un questionnement sur l’organisation du travail.
  2. Le Diagnostic d’Opportunité et de Faisabilité. Cette étape préalable permet de déterminer si l’AFEST est la modalité la plus pertinente pour l’acquisition de la compétence visée et d’évaluer si les conditions de mise en place et de réussite sont réunies. Il s’agit d’analyser les pratiques internes existantes, d’identifier les besoins en compétences et les défis organisationnels, et de co-évaluer les opportunités et limites de l’AFEST dans le contexte de l’entreprise. Une évaluation des enjeux et besoins de l’entreprise est nécessaire. Pour évaluer l’environnement de mise en place, on peut raisonner en mode projet et utiliser des outils comme le SWOT. Le diagnostic permet de lister les conditions et l’investissement conseillés.
  3. La Conception du Parcours Pédagogique. Un parcours pédagogique doit être défini préalablement. Cette étape implique de définir précisément les objectifs de compétences en tenant compte de toutes les dimensions (technique, organisationnelle, humaine, juridique, réglementaire). L’AFEST doit viser l’atteinte d’un objectif professionnel. Il faut définir le déroulement/itinéraire pédagogique et les principales étapes de la formation, concevoir un déroulé pédagogique, définir les objectifs d’apprentissage, et identifier les situations de travail apprenantes. La conception inclut la création des supports et outils d’accompagnement, comme les fiches réflexives ou grilles d’observation. Il est nécessaire de concevoir le parcours avec les acteurs concernés et de définir les modalités d’évaluation pertinentes.
  4. La Désignation et la Préparation des Acteurs Clés, notamment le formateur/référent/accompagnateur AFEST. Le formateur est le garant du respect du parcours. Il est fortement conseillé d’être formé à la mise en place de ces dispositifs et certaines branches peuvent même rendre cette formation obligatoire. L’implication de la direction, des managers, des formateurs et des apprenants est essentielle. Leurs rôles et engagements réciproques doivent être clairement définis.
  5. L’Organisation des Séquences. L’AFEST se caractérise par l’alternance de mises en situation de travail préparées à des fins didactiques et de séquences réflexives. La phase d’ingénierie doit planifier la réalisation de ces mises en situation aménagées et, surtout, la réalisation ou la mise en place de séquences réflexives distinctes. Ces séquences réflexives, animées par un tiers, sont dédiées à la prise de recul, à l’analyse de l’activité réalisée, et à la capitalisation des apprentissages. Elles sont distinctes de l’activité productive et constituent un pilier de l’AFEST qui la distingue des simples mises en pratique. L’ingénierie doit veiller à sanctuariser le temps nécessaire pour le formateur AFEST et pour les séquences réflexives.
  6. La Mise en Place d’Évaluations. Des évaluations jalonnent le parcours pour valider l’acquisition des compétences et l’atteinte des objectifs. L’ingénierie doit concevoir et mettre en œuvre les différentes fonctions et outils de l’évaluation dans l’AFEST. Les évaluations peuvent être basées sur l’analyse des pratiques professionnelles et les résultats. Il est conseillé de réaliser des évaluations dès l’amont du parcours pour l’adapter aux besoins de l’apprenant. L’évaluation des aptitudes vise à mesurer les capacités d’un apprenant dans une situation de travail.
  7. La Traçabilité et la Preuve. L’ingénierie doit prévoir l’enregistrement de preuves de la réalisation de l’AFEST. Des documents comme le Protocole Individuel de Formation (PIF) et le dossier de preuves AFEST sont utilisés pour formaliser le parcours et attester de l’existence des éléments constitutifs de l’AFEST, comme l’intention pédagogique, l’aménagement de la situation de travail, la séquence réflexive, et l’évaluation.

Pour moi :

L’ingénierie pédagogique d’une AFEST réussie est un processus structuré qui va bien au-delà de la simple organisation de mises en situation de travail. Elle commence par une analyse approfondie des besoins et de l’activité de travail, se poursuit par la conception détaillée d’un parcours pédagogique intégrant des situations d’apprentissage aménagées et des séquences réflexives distinctes, implique la mobilisation et la formation des acteurs clés, et se conclut par des évaluations formalisées et une capitalisation des apprentissages. Une mise en œuvre rigoureuse de cette ingénierie est essentielle pour garantir l’efficacité de l’AFEST et éviter qu’elle ne soit perçue uniquement comme un moyen de financement.

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