L’Afest (Action de formation en situation de travail), désormais éligible au financement des prestations de formation, est l’objet de nombreux débats, tel celui organisé par l’Afref le 17 octobre.
Parmi les points abordés ce matin-là, on peut retenir que « bien que la l’Afest ne paraisse pas si nouvelle que ça, elle permet de reconnaitre des apprentissages réalisés jusque-là de façon informelle ». En effet, le financement de l’Afest peut être déclenché sous réserve de l’identification préalable des situations de travail d’une part, et de l’aménagement de phases réflexives d’autre part. « Cet entraînement à la réflexivité sur les manières de faire devenant omniprésent avec la Afest, l’organisation du travail s’en trouve souvent impactée ».
Aussi, l’Afest ne peut-elle se mettre en place que dans des entreprises où la coopération/le débat sont déjà des pratiques courantes. De plus, avant toute intervention, il apparaît essentiel d’identifier la problématique en jeu (par exemple, le départ en retraite d’experts) et de vérifier si les conditions de mise en place d’une Afest sont favorables, notamment si les situations identifiées peuvent être aménagées pour devenir formatives.
L’analyse préalable du travail nécessite que le « tiers accompagnant », intervenant en appui méthodologique auprès de l’entreprise, s’immerge dans l’activité au côté des experts métiers afin d’éprouver/de ressentir les conditions dans laquelle elle s’exerce. Ses questions vont permettre de verbaliser les pratiques et d’identifier ce qu’il faut savoir faire et maîtriser pour réaliser cette l’activité.
A l’issue de cette phase, le choix de l’Afest est confirmé ou non selon l’intérêt qu’elle présente : les apprentissages envisagés ne peuvent-ils se réaliser qu’en situation de travail ? Concernent-ils des activités plutôt complexes que procédurales, nécessitant d’associer au geste technique un geste mental, défini comme une réflexion sur les actions appropriées et leur enchaînement ? C’est ainsi que la Fest peut être considérée soit comme une action de formation, soit comme l’une des modalités mobilisées dans un parcours hybride de formation.
Une fois la décision prise de mettre en place l’Afest, reste à l’organiser et la réaliser, avec l’aide du tiers accompagnant si besoin, et sous réserve du financement. Ce dernier sujet est encore en réflexion dans nombre d’Opco. « Il faut accepter de ne pas savoir » témoigne la représentante d’un Opco, « accepter de faire confiance à l’entreprise en dehors des systèmes organisés » et aussi « accorder la confiance à l’apprenant car c’est la confiance qui précède la compétence, non l’inverse » rappelle Anne-Lise Ulmann[1] en conclusion de la matinée.
Françoise Lemaire
[1] Maître de Conférence HDR au Cnam et membre des comités scientifiques de l’expérimentation Afest et de la commission de France Compétences en charge de la certification professionnelle
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