
« Conscience humaine vs robots : pourquoi l’éveil des uns empêchera l’asservissement aux autres »
Imaginez un ouvrier qui, un jour, pose ses outils, regarde la chaîne de production et murmure : « Maintenant, je comprends. » Non, ce n’est pas un scénario de film. C’est le quotidien de ceux qui ont osé briser le miroir des formations traditionnelles pour y voir enfin leur reflet : des êtres capables, conscients, auteurs de leur destin. Car oui, l’ère du « sachant » qui dicte des PowerPoint poussiéreux est morte. Place à l’éveil expérientiel par le faire, par le vivant, par le réel qui cogne.
Dans les ateliers, sur les chantiers, devant les fourneaux ou les lignes de code, une révolution silencieuse se joue. On n’y apprend plus à exécuter. On y apprend à exister. Prenez cet homme, ouvrier depuis quinze ans, qui m’a confié : « Avant, je répétais des gestes. Aujourd’hui, je sais pourquoi je les fais. Et si ça ne marche pas, je le dis. » Son secret ? La formation ne lui a rien appris. Elle s’est effacée.
Elle a laissé la place au choc des outils, à la sueur, aux imprévus qui forgent une conscience. Il n’est plus un numéro. Il est devenu un professionnel conscient. Un citoyen. Lui-même.
Le savoir-faire ? Une illusion. Le vrai trésor, c’est le savoir-devenir. Devenir celui qui comprend que chaque geste, chaque décision, chaque silence, raconte une histoire. Celle de sa place dans l’équipe, dans la société, dans le vivant. La formation, aujourd’hui, n’est plus un cours, ni un support, ni une activité en sous-groupe. C’est un contexte. Un prétexte pour se révéler. Et dans cette révélation, il y a de la fierté. De la joie. De la dignité.
Demain, les robots codifieront les savoirs. L’IA distribuera les connaissances en un clic. Mais aucune machine ne remplacera ce moment où un être humain, les mains dans la terre ou sur un clavier, réalise soudain : « Ce que je fais a du sens. » Notre rôle n’est plus d’enseigner. Il est de provoquer ces étincelles. De concevoir des stratégies de questionnements. D’ouvrir des espaces où l’on ne forme pas — où l’on éveille.
Alors, cessons de remplir des têtes. Créons des miroirs. Des situations où l’humain, face au réel, se découvre capable. Car la vraie pédagogie oups pardon l’éducation ne se mesure plus en heures de stage. Elle se lit dans un regard qui s’allume, dans une voix qui ose questionner, dans l’échec, dans des mains qui ne tremblent plus.
La formation est morte ? Non. Elle a simplement cessé d’être un spectacle pour devenir un souffle.
Et ce souffle, c’est celui de l’humain qui se redresse.
Les robots calculent. Les humains conscients, eux, comprennent. Et c’est cette nuance qui fera la différence entre un monde où l’on survit et un monde où l’on vit. Imaginez un enfant perdu dans une gare. Un algorithme analysera les flux, les horaires, les caméras. Un humain conscient, lui, verra la peur dans ses yeux, saisira l’urgence invisible, agira parce qu’il sent, pas parce qu’il est programmé pour.
La conscience humaine, ce n’est pas un logiciel. C’est cette capacité à lire entre les lignes du réel, à improviser face à l’imprévu, à choisir l’empathie plutôt que l’efficacité brute. Un robot triera des données pour optimiser un planning. Un manager conscient, lui, devinera qu’un employé épuisé a besoin d’un jour de repos.
Oui, les machines décideront à notre place… si on les laisse faire. Mais les humains éveillés, ceux qui ont appris à penser avec leurs tripes autant qu’avec leur tête, ne se contenteront pas d’exécuter. Ils questionneront. Ils adapteront. Ils détourneront même les règles quand la morale l’exige. Prenez ces soignants qui, durant la pandémie, ont ignoré les protocoles rigides pour sauver des vies. Les robots auraient suivi le manuel. Eux ont écouté leur humanité.
Le piège ? Croire que la technologie nous dispensera de réfléchir. La vérité ? Plus les robots s’immiscent dans nos vies, plus nous avons besoin d’humains capables de les challenger. Un système bancaire automatisé refusera un crédit à une mère célibataire parce que ses stats sont « mauvaises ». Un conseiller conscient, lui, cherchera une solution malgré les chiffres.
Alors, comment former ces humains-là ? En arrêtant de les formater comme des machines. En cultivant leur capacité à douter, à ressentir, à agir en réseau solidaire. Car un humain conscient ne se « débrouille » pas seul : il crée des alliances, anticipe les failles des systèmes, répare ce que les robots brisent sans le voir.
Demain, les algorithmes géreront le froid. À nous de garder le feu.
Le feu de la conscience.
Celui qui éclaire les angles morts, réchauffe les choix glacés, et rappelle que derrière chaque décision, il y a un visage.
La technologie sans humanité est un train sans conducteur.
Et ce train-là, personne ne veut le prendre.
Par Sofiane Bakhouche et Fidèle
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