Par Handaj Soukayna
Étudiante chercheure en ingénierie de formation et technologies éducatives et communication, Université Mohammed Premier Oujda, Maroc
Le micro-learning est une approche relativement nouvelle. Il est corroboré par les neurosciences, qui englobent toutes les disciplines étudiant l’anatomie et le fonctionnement du système nerveux, du cerveau et de la mémoire. Cela renvoie donc à de nouvelles perceptions permettant de mieux comprendre comment optimaliser l’apprentissage et par la même occasion comment mieux former, que ce soit dans les formations fondamentales (majoritairement des étudiants appartenant à la génération Z) ou les formations continues (les salariés, les employés et les fonctionnaires).
En effet, une grande partie des étudiants est issue de la génération Z, née avec le web 2.0, ce qui explique d’ailleurs pourquoi on les appelle « digital natives » ou encore la « génération branchée ». Les résultats d’une étude ont montré que les étudiants de cette nouvelle génération ont une aversion pour les cours magistraux, ont plutôt besoin d’activités et de variété, veulent apprendre et agir rapidement. Ils préfèrent la rapidité à la profondeur.
Dans la même perspective, les derniers essais de décodage du cerveau, mis au jour grâce aux neurosciences, nous ont prouvé que l’attention maximale d’un être humain est limitée à 10 minutes maximum. Le court format du micro-learning épouse parfaitement cette logique et lui permet d’exploiter au mieux la capacité de concentration des apprenants.
Dans cet article, nous allons essayer d’approcher la notion du micro-learning : sur quels travaux des neurosciences s’appuie le micro-learning? Qu’est-ce que le micro-learning? Et comment peut-il être mis en place?
Maintenir sa concentration? Facile à dire…
Des travaux ont été menés sur l’activité cérébrale d’un cerveau attentif et non attentif. Des tests permettent de mesurer la capacité de concentration et l’évolution de celle-ci de seconde en seconde. Ce qui est indubitable, c’est qu’on est extrêmement faible face à la distraction. On sait bien que notre attention est volatile, et on sait également, que nous avons des périodes où notre concentration est meilleure : le matin pour certains, le soir pour d’autres.
Mais puisqu’on y est, qu’est-ce que l’attention?
Il s’agit tout simplement de la capacité à filtrer ce qui, dans ce flux ininterrompu, nous parait intéressant et utile de ce qui ne l’est pas. L’attention traduit de la sorte, à chaque instant, l’importance relative que chaque individu accorde aux êtres et aux choses, potentiellement sous forme de pensées.
… et la concentration?
La concentration, quant à elle, consiste à maintenir continuellement actifs les neurones qui gardent en mémoire notre intention du moment (ce qu’on compte faire). Ce qui suppose que celle-ci ait été clairement définie!
Sans répit, le cerveau s’exténue
Trop ou pas assez d’énergie peut nuire à la concentration. Les temps de pause sont très importants. Notre filtre de sélection peut se montrer défaillant, et notre concentration s’en trouver amortie. Il faut se souvenir que l’attention est un filtre. L’illusionniste sait très bien utiliser le filtre de notre attention. Il le détourne au profit de ce qu’il veut nous dissimuler.
A savoir que le cerveau prend des décisions aussi rapidement que le regard se déplace, soit trois ou quatre décisions par secondes. Il mérite bien un traitement de faveur, DU REPOS!
Meilleure performance
Des micro-objectifs? … Intéressant!
L’idée c’est de segmenter les programmes en petits modules, de se fixer des objectifs à très court terme. Cela va renforcer l’intention. Cela va aussi renforcer la réussite et donc la confiance en soi. Si l’objectif est court, on sera en capacité de remarquer de manière plus efficace les dérives de notre attention et de les rectifier. Donc, pour améliorer sa concentration, rien de tel que d’organiser des successions de petites tâches, en intercalant des pauses.
Autrement dit, pour faciliter la tâche des neurones, on aura tout intérêt à privilégier des intentions concrètes et surtout à court terme, car l’activité de ces neurones est extrêmement volatile. En clair, si vous souhaitez rester concentré, n’hésitez pas à découper votre objectif final vague et lointain, en micro-objectifs de quelques minutes tout au plus
Bref, il est confortable de se créer des « bulles de concentration », focalisées sur un seul objectif concret pendant une durée courte et fixée à l’avance.
Le micro-learning, qu’est-ce que c’est?
Le terme micro-learning est utilisé depuis le début du XXIe siècle, principalement dans le contexte de l’apprentissage en ligne. Il s’agit généralement d’un mode d’expression abrégé pour toutes sortes d’activités d’apprentissage à court terme avec micro contenu.
Le micro-learning est une modalité de formation ou d’apprentissage en séquence courte de 30 secondes à 3 minutes, utilisant textes, images et sons. En d’autres termes, c’est un cours magistral décomposé en petites unités, répétées en petites séquences afin de permettre à l’apprenant d’être en capacité de produire ou de réaliser un résultat souhaité. Le micro-learning s’appuie sur des modules de connaissance courts autour d’une notion précise, avec un objectif défini. Il peut être utilisé pour une formation formelle, mais il trouve aussi un usage plus large et plus informel, permettant notamment un meilleur rendement d’apprentissage.
Pourquoi le micro-learning?
Selon les neurosciences cognitives, il est absolument nécessaire de travailler plusieurs fois un concept durant son apprentissage afin d’en maximiser la mémorisation et de favoriser son ancrage.
D’après les expériences du philosophe allemand Hermann Ebbinghaus, 70% des connaissances enseignées sont purement et simplement oubliées si aucune piqûre de rappel n’est réalisée ultérieurement. Du coup, grâce à la décomposition des modules en plusieurs courtes séquences, facilement consultables par l’utilisateur, le micro-learning permet à celui-ci de réviser régulièrement ses connaissances, ce qui améliore grandement l‘efficacité de la formation.
De plus, en dehors du danger, notre cerveau a tendance à se diriger vers des sources de plaisir. D’où la mise en valeur d’un autre point-clé du succès du micro-learning, qui réside dans la facilité avec laquelle on peut transposer dans ce dernier les mécanismes traditionnels du jeu.
En effet, il est aujourd’hui communément admis que l’on apprend plus facilement quand on « joue », le jeu, stimulant nos émotions et nos sens, aide à concentrer notre attention et à améliorer notre mémorisation. Cela s’explique aussi par le fait que le jeu stimule l’engagement de l’apprenant, ce qui renforce l’apprentissage.
Facile à mettre à en place
Outil flexible et adaptable!
Étant donné que chaque apprenant peut se connecter sur la plate-forme quel que soit l’endroit où il se trouve, le micro-learning permet de former l’ensemble des utilisateurs concernés, sans limites de nombre, et sans avoir à les rassembler sur le même lieu à une date fixe. Pratique d’un point de vue logistique.
De plus, à la différence des formations en présentiel, le micro-learning est extrêmement flexible dans son organisation. Il permet de mieux s’insérer dans le quotidien des employés, souvent perturbé par des imprévus. Il offre l’opportunité pour ces apprenants de répondre aux besoins de formation ou d’information en fonction des situations de travail qui se présentent sans perte de temps pour plus d’efficacité professionnelle.
Conformément aux neurosciences, il doit y avoir une cohérence entre les choses : l’environnement avec le besoin de concentration, le contenu avec le visuel, etc. Cela participe au confort intentionnel de se placer en état de concentration, et de ne pas favoriser d’éventuelles incompatibilités. Chose qu’on retrouve dans cette nouvelle modalité de formation.
Outil parfaitement adaptable, le micro-learning peut prendre de multiples formes. Il peut ainsi s’agir :
- d’un QCM envoyé par message texte auquel le collaborateur en formation doit répondre;
- d’un ensemble de vidéos et de documents centrés sur une thématique;
- d’un centre de ressources comprenant de la documentation, des articles et des vidéos à revoir;
- d’un économiseur d’écran où le collaborateur doit résoudre des petits exercices de formation pour se reconnecter quand son ordinateur passe en veille.
Il est aussi utilisable sur différents supports : du téléphone intelligent à l’ordinateur en passant par la tablette.
Conclusion
Le principal intérêt du micro-learning est d’éviter la saturation cognitive qui se produit lors des séquences pédagogiques en focalisant une activité sur un message unique. Il permet de revenir de manière ciblée sur un concept au moment précis où on en a besoin.
À savoir que toutes les formations ne peuvent pas être effectuées par micro-learning, il est un excellent outil qui peut soutenir des programmes de formation formels et informels.
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